Elections municipales : parité, encore raté !

LE MONDE | 29.04.08 | 15h47

Anne Chemin

Depuis 2007, la parité est obligatoire parmi les adjoints au maire, mais les femmes restent extrêmement minoritaires (13,8 %) aux postes de maires.

Malgré l’inscription du principe de parité dans la Constitution, le monde politique demeure très majoritairement masculin : selon l’Observatoire de la parité, qui a dressé le bilan des élections municipales et cantonales de mars, 86,2 % des villes françaises sont aujourd’hui dirigées par des hommes. Dans les conseils généraux, la féminisation est encore plus lente : 86,9 % des conseillers généraux sont des hommes. « Les partis politiques résistent encore à la parité », regrette Marie-Jo Zimmermann, rapporteure générale de l’Observatoire et députée (UMP) de Moselle.

loi_parite.jpgDepuis 1999, la parité a été introduite dans la Constitution - « la loi favorise l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives », proclame-t-elle désormais -, mais ce principe se décline différemment selon les élections et les modes de scrutin. La parité est ainsi obligatoire dans les conseils régionaux et les conseils municipaux des villes de plus de 3 500 habitants mais elle ne s’impose pas – ou très peu – aux candidats aux élections cantonales. « Quand la loi n’est pas directement contraignante, les stratégies électorales continuent à primer sur le projet démocratique de l’égalité entre les femmes et les hommes », regrette l’Observatoire.

 

LES MUNICIPALES

 

Grâce aux lois sur la parité, qui imposent une alternance homme-femme sur les listes électorales, les conseils municipaux sont devenus « l’avant-garde de la révolution paritaire », estime l’Observatoire. Les conseils municipaux des petites villes (moins de 3 500 habitants) comptent une femme sur trois, ceux des villes plus importantes (plus de 3 500 habitants) une femme sur deux. Au total, les femmes représentent 35 % des élus municipaux.

 

Depuis 2007, la parité est obligatoire parmi les adjoints au maire, ce qui devrait permettre, selon l’Observatoire, de « réorganiser entièrement une traditionnelle division du travail entre les sexes ». L’usage voulait en effet que les femmes se voient confier les affaires sociales, l’éducation, la famille ou la santé, alors que les hommes prenaient en charge les transports ou la vie économique. Le nouvel équilibre dessiné par la loi de 2007 « constitue un signal fort de la légitimité désormais acquise des femmes dans les affaires municipales », estime l’Observatoire.

 

Les femmes restent en revanche extrêmement minoritaires (13,8 %) aux postes de maires, qui ne sont pas concernés par l’obligation de parité. « Avec 83,5 % d’hommes investis tête de liste aux élections municipales, les partis politiques français continuent à faire figure de mauvais élèves tant au niveau européen qu’au niveau international », souligne l’Observatoire. Le pourcentage de femmes maires reste plus que modeste, mais il progresse régulièrement depuis une vingtaine d’années : la France comptait 5,5 % de femmes maires en 1989, 7,5 % en 1995, 10,9 % en 2001 et 13,8 % en 2008.

 

LES CANTONALES

 

Dans les conseils généraux, qui ne sont pas véritablement concernés par l’obligation paritaire, les femmes sont rares : elles représentent seulement 13,1 % des élus. Trois conseils généraux ne comptent aucune femme : l’Ariège, la Haute-Corse et le Tarn-et-Garonne. « Lorsque l’effort de féminisation des assemblées élues est laissé à la seule discrétion des formations politiques et des notables locaux, on ne peut que déplorer les trop faibles progrès enregistrés, constate l’Observatoire. A ce rythme-là, il faudra attendre plus de soixante-dix ans pour arriver à des conseils généraux paritaires. »

 

Au nom de la parité, la loi du 31 janvier 2007 avait imposé aux candidats aux cantonales de prendre un suppléant de l’autre sexe. « Ce dispositif a visiblement conduit à cantonner les femmes aux postes de suppléantes, puisque 79,1 % des titulaires investis furent des hommes », souligne l’Observatoire. Seules quatre femmes ont accédé en 2008 à la présidence d’un conseil général, contre trois auparavant.

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